Bob plane toujours !

Le "tiroir à bricoles" se trouvait dans un meuble de la cuisine de ma grand mère. Il renfermait un trésor hétéroclite comme seuls savent en constituer les enfants... /// Tout le contenu de ce blog est soumis à © et toute utilisation entière ou partielle d'éléments de contenu est soumise à un accord préalable.

Bob plane toujours !

IMG_3441 C’est dans un micro bar de la rue Ménilmontant que je suis allé hier soir pour écouter le papa de Bob : Frank Echégut. Un micro bar plein comme un œuf. Et plein de bonnes bières belges … Ce sera une Orval que le barman me sert en s’excusant du fait que le verre n’est pas un verre estampillé Orval mais qu’il en a la même forme… On devine que la moitié des gens qui sont là sont des amis fidèles du chanteur. Il arrive du fond du bar où se trouve la petite salle de spectacle qui peut contenir environ 30 personnes bien tassées. Sur la petite scène il y a une batterie, un micro, une Gibson Humming Bird, une Strat qui semble être une Classic 70 Natural (mon rêve) qui porte un autocollant qui dit « game over » et une jolie 12 cordes que je ne reconnais pas … Il arrive donc au bar pour faire la bise à quelques personnes arrivées. Il est grand, mince, les yeux rouges mais un sourire jusqu’aux oreilles. Un mot gentil pour chacun. Il a l’air aimable et plein d’humour. 21h arrive, tout le monde se presse dans la petite salle. Je vais m’assoir sur une table dans un coin, le batteur est à ses fûts, Franck lance  » bon bin on va y aller je suis chaud là !! », et c’est parti pour une heure de chansons que l’on sent écrites avec le cœur, toutes trempées dans le vrai, on y devine la famille, l’amour, la rupture, les rêves, les peurs… Bref la vie. La vie en musique et en mots, en mots simples mais jolis, pas de mots à paillettes, ou des mots à cravates, mais des mots en imper sous la pluie, des mots sur un trottoir, des mots derrière de la fumée de cigarettes, des mots en plein vent, des mots derrière une porte fermée, des mots sur une guitare usée, des mots un peu élimés et mal rasés, mais des mot aiguisés et nus. J’avais un peu honte de ne pas tellement connaître le répertoire… Et j’avais un peu honte d’espérer qu’il chante « Bob plane » … Je sais que la plupart des chanteurs en ont souvent plus que marre de traîner derrière eux un vieux tube comme un boulet quand ils ont écrits 20 ans de chansons derrière … Mais que voulez vous, j’étais un peu là pour rencontrer Bob, soyons honnêtes. Toutefois j’ai vraiment été agréablement surpris par la qualité du répertoire, chaque chanson est vraiment travaillée, la connivence avec le batteur fait plaisir à voir, et Frank chante avec bonheur et sincérité. Il est grand ! Je vous l’ai dit ! Bien trop grand pour cette scène microscopique ce qui lui donne des airs de Dandy géant dessiné par Tim Burton. On sent qu’il a envie de sauter, de danser avec sa guitare mais il est bloqué contre les murs… Enfermé… Il chante les yeux fermés. C’est un détail important… Et puis, en dernière chanson de rappel, pour finir son spectacle, sur un rythme un peu syncopé, un poil bossa, Franck nous fait lever le nez pour nous faire apercevoir Bob qui passe en rase-motte au dessus de nos têtes. Petit moment de bonheur ! Et à en croire les autres personnes de l’assistance, je n’étais pas le seul à guetter le ciel à la recherche d’un vieux coucou…
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Il y a des chansons comme ça qui se plantent un jour dans votre mémoire, parce qu’elles sont arrivées à un moment bien précis de votre vie, et allez savoir pourquoi, elles ne repartent plus jamais… A quoi est ce dû ? Un accord ? Un violon ? Le son d’un synthé … Une ambiance particulière… Je ne sais pas pourquoi j’ai longtemps attribué cette chanson à la fin des années 80, vous savez, cette période très africaine, un mélange de tropiques et de fantasmes coloniaux, peaux de bêtes et art déco, ce côté postmoderne… Dans les clips ou sur les pochettes de 45t, il y avait toujours un cocotier dans un coin…
Quelques exemples.
The Stranglers – Golden Brown
Men at Work – Down Under
Toto – Africa
J’adorais cette ambiance moite, pleine de filles plantureuses et d’aventures en hydravion au milieu de la savane … J’avais 13 ou 14 ans… En 82 un autre Bob avait secoué les radios FM avec ses aventures exotiques : Bob Morane d’Indochine…
Bob plane est en parfaite résonance avec cette ambiance, sans le côté kitch ! Le temps est bien entendu passé sur cette chanson, mais sans la rendre « has been ». Inspirée de Karen Blixen, elle a ce petit côté colonial qui fait rêver.
J’ai du mal à m’expliquer pourquoi cette chanson est resté si présente dans ma mémoire, pourquoi Bob ne cesse de planer dans ma tête depuis tout ce temps… Comme une vieille histoire d’amour… A tel point que je pouvais quasi la chanter en entier, presque 15 ans après son passage sur les radios … Frank Echégut, car c’est son nom, à accepté de m’envoyer quelques mots sur cette chanson qui m’intrigue…

« Bob 1/1 : J’ai eu la chance de  » vivre  » et travailler au Kenya pour le tournage de « Bob plane ». Nous sommes restés dix jours et c’était comme aller sur la lune. Je connaissais bien une partie de l’Europe, né en Allemagne… Aussi, Amsterdam durant un an m’écouta gentiment jouer dans la rue… etc. Montréal deux fois un mois en hiver et au printemps… L’Afrique du Nord, Suisse, Italie, Belgique, Ecosse, Angleterre….. L’Afrique de l’Est c’est autre chose. On a vraiment à faire avec une évidence, nous sommes au centre du monde. 1500 m, air pur enivrant. Départ chaque matin tôt de l’Hotel Bellevue pour la lumière… Deux lands et trois minibus; tentes, repas préparés avec antilope stoïque nous observant… de loin. Figurant Masaï merveilleux, herbe délicieuse mais forte… Je remarque que les femmes somaliennes sont les plus beaux êtres de la planête. Energie, une « santé » charnelle… Nairobi au marché coupe gorge m’a aussi vu blême dans des ruelles extrêmement dangereuse. L’Afrique, est-ce fini pour nous? J’aimerai pouvoir y retourner. FE  »

Voilà et même si il a dit dans une interview que le meilleur conseil qu’il ait jamais reçu c’est: « Ne t’occupe pas de ce qu’on écrit sur toi, que ce soit bon ou mauvais. Évite les endroits où on parle des disques, n’écoute personne. Si quelqu’un se penche sur ton épaule, bondis et frappe le au visage. Ne tiens pas de discours sur ton travail, il n’y a rien à en dire. Ne te demande pas pourquoi ni pour qui tu écris, mais pense que chacune de tes chansons pourrait être la dernière. » (Philippe Djïan )
Je le remercie quand même chaleureusement d’avoir accepté de m’accorder un peu de temps, et vous invite à découvrir son travail récent qui est d’une grande qualité !
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Une réponse

  1. HILT Nathalie dit :

    tout ce qui est dit en haut est vrai et résonne comme une vérité irréfragable. Je ressens exactement les mêmes choses, et n’aurais sans doute pas dit mieux… merci d’avoir dit toutes ces belles choses au sujet de Frank ; c’est un immense artiste. Intemporel. NH

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