Elle était belle à se taper la tête sur les murs. S’assommer pour oublier qu’on ne pouvait la toucher.
Elle passait, imperturbable et insensible à nos gémissements. Belle à faire résonner chaque cellule de nos corps fragiles et affamés. Affamés de chair et d’aventure.
Elle ne faisait que passer sans jamais nous regarder. Pas par dédain,non, juste parce qu’elle n’avait en tête rien d’autre que son chemin. Chaque fois qu’elle passait nous grimpions notre jeunesse en haut des collines aux herbes séchées par le vent chaud d’ici. Nous écorchions nos mains et nos genoux sur les pierres et les branchages pour être les premiers à la voir. Et sans jamais faillir à son rendez vous, elle venait récompenser notre attente de sa seule présence. Et nous étions heureux, le cœur plein de rêves. Les mains tendus vers elle. Hurlants son nom à en perdre la voix. Espérant toujours qu’elle tourne la tête vers nos pauvres visages fatigués. Mais jamais elle n’a changé sa trajectoire, jamais elle n’a daigné faire un geste vers nous.
Telle etait, est et sera l’Aube.