Ecrire et s’enrouler dans les mots comme dans une couverture, se sentir protégé derrière les phrases, trouver les mots qui font du bien, les mots qui réchauffent le coeur. Simplement écrire du beau.

Ecrire et lentement lâcher la bride, laisser les mots partir au galop, sans pouvoir les contrôler,  les laisser hurler des tournures inconvenantes ou surannées, les laisser dire des horreurs ou des platitudes, les laisser aller où ils veulent, sauvages et imprécis. Et puis les voir revenir haletants et sales mais heureux comme des enfants à qui on aurait dit « allez y, faites ce que vous voulez, tout est permis. »

Ecrire, écrire, écrire, écrire, écrire, comme boire, manger, baiser, sentir le feu de l’envie monter et savoir que rien ne sera plus difficile que de résister.

Ecrire juste une phrase, une jolie phrase, courte et ciselée, avec des mots choisis, aux sonorités parfaites.

Ecrire un mot. Un joli mot. Pour le son, pour l’image. Un vieux mot pourquoi pas, un mot oublié. Un mot de patois.

Un mot de l’enfance.

Oui un mot de l’enfance en patois.

Le premier qui me vient: racamucher.

Qu’il est beau ce mot, qu’il est chaud. Il me donne presque envie de pleurer quand je le prononce. Se racamucher n’existe pas, en patois ch’ti on dit camucher (cacher), une camuche (une cachette). Mais racamucher c’est un verbe à nous. Un verbe de ma famille, un verbe de ma maison. Un verbe de ma chambre, un verbe de mon lit.

« Racamuche-toi bien » me disaient mes parents quand je me couchais. Me racamucher voulait dire me cacher sous mes couvertures pour ne laisser dépasser que le bout de mon nez.

Me racamucher dans les mots. Pour ne plus sentir le froid. Le doute. La peur.

*C'est drôle, lorsqu'on tape racamucher dans google, il n'y a qu'un seul resultat. Un message que j'avais envoyé à ma filleule en 2009 ...