Puisque tout va être triste,
Puisque tout doit être triste,
Inexorablement.
Que cette tristesse soit belle, que cette tristesse soit splendide.
Qu’elle soit vêtue des poèmes les plus somptueux, de ceux tissés des mots les plus douloureux, ceux qui percent l’âme dans un glissement délicieux.
Qu’elle soit parfumée des musiques lentes aux harmonies parfaites qui serrent le cœur dans leurs si jolies mains glacées des regrets les plus cinglants, les jolies berceuses qui savent déverrouiller les portes des souvenirs de l’enfance pour vous mettre à genoux. Les musiques liturgiques qui font vibrer les pierres des cathédrales et qui rendraient pieux et fervents les athées les plus hermétiques.
Oh oui, sois au moins splendide ma tristesse, que ma douleur soit un chef d’œuvre. Je veux pleurer en souriant.
Je n’aurai plus peur si tu es belle, je danserai avec toi comme un fou danse avec la mort. Je glisserai vers tes abîmes avec délice et volupté.
Puisque c’est tout ce qu’il me restera. Je te dévorerai avidement, comme un dernier festin. Viens et prends moi dans tes bras, tristesse flamboyante, et majestueuse. Laisse moi te désirer, laisse moi t’aimer, laisse moi t’étreindre jusqu’à mon dernier souffle. Laisse moi t’admirer. Mon poison exquis.