Petit texte retrouvé, né d’une période noire et clairvoyante, sans doute un peu trop, mais j’y reviendrai…
Nous n’avons fait que déplacer quelques pierres.
Certaines, aujourd’hui, sont toujours à la même place et cela me rend fou.
Nous n’avons fait que jeter quelques poignées de sable, verser quelques centilitres de larmes et égratigner un peu de nos genoux et de nos paumes sur le macadam de nos villes.
Nous n’avons fait que respirer quelques litres d’air, boire que quelques litres d’eau.
Nous nous sommes reproduits, nous avons planté des arbres et cultivé notre jardin, et n’avons pu que constater la molesse de nos ventres, la fatigue de nos yeux et la tristesse de nos coeurs.
Nous avons bien essayé de rêver, assis au bord de la mer ou en haut d’une montagne. Nous avons cru en l’amour, en l’homme, au progrès, nous avons crié pour nos droits. Nous avons eu peur pour nos enfants.
Mais nous n’avons fait que déplacer quelques pierres.
La pluie a tout lavé.
Le vent a tout rangé à sa place.