Je suis comme quelqu’un qui entend, dans sa tête
Des sonates splendides des motets enivrants
Des accords flamboyants, des harmonies parfaites
Mais n’a jamais appris à jouer d’instrument
Je vois dans les replis de mon cerveau bouillant
S’embrasser des amants, s’enlacer des nymphettes
Je vois précisément chaque cheveu de leurs têtes
Je peux sentir leur peau, et voir briller leurs dents.
Je vois si clairement palpiter leurs artères
Je vois gonfler leurs seins de désirs suspendus
Je vois frémir leurs reins et leurs souffles manquer d’air
Leurs mains s’agripper fort à leur brûlures nues
Mon chagrin est sans fond et ma peine est immense
Car je n’ai pas les mots pour raconter leurs yeux
Mes phrases sont pauvrettes et n’ont pas la brillance
De leurs corps inondés sous l’eau de leurs fous jeux
Je voudrais savoir dire le rose de cette chair
Caressée par sa main, par sa bouche mordue
Et ses yeux qui supplient, avec quels mots d’éther
Exprimer ce qu’ils disent à l’amant éperdu
Je voudrais tant savoir les mots les plus exquis
Filer de belles phrases comme jadis eux le firent,
Hugo ou de Vigny, Musset qui de la Lyre
Tirèrent des joyaux immortels et chéris.
Ma plume est aveugle dans une brume épaisse
Mes efforts sont immenses et je suplie ma muse
De me venir en aide en usant de ses ruses
Pour tirer mon cerveau de sa triste mollesse
Anastasia ma Muse toi qui ne trépasse pas
Ô ma belle inconnue, ma splendide maitresse
Toi qui distille en moi en nocturnes caresses
Des odalisques lasses aux parfums d’autrefois
Toi qui de tes murmures m’inspire des quatrains
Toi qui souffle en mon âme des vers ciselés
Donne moi de ta langue à la mienne lovée
Les mots cachés aux yeux de nous pauvres humains
Anastasia regarde, à genoux devant toi
Moi l’humble serviteur de la beauté des mots
Je t’implore ô ma muse d’ouvrir le caveau
Où reposent en paix les rimes d’autrefois