Le pylône suivant est d’une beauté tragique et c’est en grande partie la raison pour laquelle cette chanson est restée ancrée dans ma mémoire.
Il s’agit de Manureva prononcer « manoureva » (oiseau de voyage en tahitien) chantée par Alain Chamfort en 1979.
Cette chanson dont la naissance ne fut pas sans difficulté, m’a toujours laissé un goût mystérieux. D’un côté l’histoire de ce bateau disparu durant la première édition de la route du rhum en 1978, n’ayant jamais été retrouvé, m’a fasciné étant enfant, je me souviens que ma mère m’avait raconté pour l’occasion l’histoire du triangle des Bermudes et du sort tragique des bateaux qui s’y aventurent … Et puis de l’autre côté cette musique ! Quelle efficacité !
Quand je réécoute ce morceau aujourd’hui je me rends mieux compte de l’écriture et des arrangements extraordinaires. Bien entendu on est en pleine vague disco à la fin des années 70, morceau quasiment entièrement synthétique, je ne sais comment expliquer précisément pourquoi ce morceau est si réussi à mes oreilles, chaque son est parfaitement dosé, et puis il y a cette phrase en sinusoïde qui ne s’arrête quasiment pas pendant tout le morceau, comme des vagues qui viennent longer la coque de ce bateau perdu… ça rend fou ! Une basse disco absolument géniale et puis la voix Chamfort, cette voix si androgyne, précise, mélodieuse, douce, qui monte si haut. J’en ai encore la chair de poule !
Lisez l’histoire de cette chanson sur le net, texte de Gainsbourg, mais en rattrapage miraculeux après avoir fourni à Chamfort un texte très médiocre qu’il enregistra mais fini par refuser et fit détruire les exemplaires pressés.