Cette fois ci, il s’agit de l’album « Righteous » du groupe américain DAG.
Un album qui est plutôt difficile à trouver et je ne sais plus comment il est arrivé chez Ben un jour lors d’une répèt’, mais je me souviens d’avoir tout de suite adoré cet album. Voici un petit lien vers une video d’un live. C’est un album funk particulièrement jouissif. Je me souviens aussi que la photo de la pochette m’a longtemps intriguée… La photo de ce petit garçon debout sur une chaise entouré par la brume… Pendant longtemps mes yeux ne pouvaient s’empêcher de voir cette jambe « tronçonnée » jusqu’à ce que je vois enfin que cet effet est causé par le dossier de la chaise… Du reste cette photo est vraiment très jolie, et elle me touche d’autant plus aujourd’hui que je suis papa, car j’étais loin de connaitre l’histoire de cette photo (cliquez ici pour voir l’original) que l’auteur – John Rosenthal – a accepté de me raconter :
« I photographed my son in Valle Crucis in August for quite a few years. The early morning mists and fogs offered me a new way to see him – as a figure emerging out of no-place; in fact, that’s how I viewed him as he was growing up: as a figure emerging, but not quite here yet. When his growth was finished and he became a young man, a different kind of emerging took place—his passage into adulthood—but the radiance of his being, the radiance of a newcomer, was tamped down, as it is for all adults. The morning I took this photograph I woke early and saw the fog out my bedroom window. I lay in bed and let my mind play around. In this way, I envisioned this photograph about fifteen minutes before I took it: my son, the chair, the fog, even the location: above a steep drop where only the top of the trees would be visible behind him. I woke my son and told him to get dressed. He was seven, still willing to do what I wanted, but not happy about it. We went outside and I asked him to stand on the chair and raise his arms. It was a very set-up shot, but it had to be. I was interested in a palette of visual events, not spontaneity. Of course little children don’t stand on chairs and raise their arms to greet the mystery of existence. Adults don’t do it either. But as a piece of symbolism it worked. The photograph was used by DAG, but it was also used as a book cover for Susan Davis’s splendid book of poetry called “Gathering Sound”
en VF : (Merci beaucoup à ma soeur pour la traduction rapide et parfaite !! )
« J’ai photographié mon fils à « Valle Crucis » en août pendant plusieurs années. La brume et le brouillard du petit matin m’ont offert une nouvelle vision de lui – comme un être surgissant de nulle part ; en fait, c’est comme ça que je le voyais quand il grandissait : comme un personnage émergeant, mais pas encore complètement là. Quand il a eu fini sa croissance et qu’il est devenu un jeune homme, une nouvelle émergence s’est produite – son passage à l’âge adulte, mais la radiance de son être, la brillance d’un nouvel arrivant, était légèrement assombrie, comme il en est pour tous les adultes. Le matin où j’ai pris cette photo, je me suis réveillé tôt, et j’ai vu le brouillard depuis la fenêtre de ma chambre. J’étais allongé dans mon lit et j’ai laissé mon esprit vagabonder. J’ai alors envisagé avoir pris cette photo environ 15 mn avant : mon fils, la chaise, le brouillard, et même le lieu : au-dessus d’un ravin profond où seule la cime des arbres seraient visibles derrière lui. J’ai réveillé mon fils, et lui ai dit de s’habiller. Il avait 7 ans, d’accord pour faire ce que je lui demandais, mais pas trop content quand même. Nous sommes sortis, et je lui ai demandé de se tenir debout sur la chaise, et de lever les bras. C’était une photo très préparée, mais cela devait être comme ça. Ce qui m’intéressait c’était une palette d’évènements visuels, pas la spontanéité. Bien sûr, les jeunes enfants ne restent pas immobiles sur des chaises en levant les bras afin d’accueillir les mystères de l’existence. Les adultes non plus d’ailleurs. Mais comme moment plein de symbolisme, ça a fonctionné. Cette photo a été utilisée par DAG, mais aussi sur la couverture d’un livre de Susan Davis, ouvrage de poésie splendide appelé « Gathering Sound ».
Voilà, je voudrais encore remercier chaleureusement Monsieur John Rosenthal pour le temps qu’il a accordé à nos petits entretiens, j’ai du coup découvert le reste de son travail – magnifique – que je vous invite à aller voir sur son site.
Je disais plus haut que cette photo me touche particulièrement pour son histoire et aussi pour une autre coïncidence… Le petit garçon de la photo, qui est aujourd’hui grand, s’appelle John Keats Rosenthal. En hommage au poète anglais du début du 19e siècle. Poète pour qui j’ai une immense admiration. Ce qui est drôle également c’est que j’ai découvert Keats à travers un autre membre du groupe ID’FX, « Ploute » qui m’a un jour prêté un livre de Dan Simmons « Hyperion », livre de science fiction dans lequel un des personnages est une sorte de robot créé sur le modèle du poète… Je me suis donc intéressé à la poésie de Keats et particulièrement au poème « Hypérion » dont j’avais mis quelques strophes en musique, un soir de déprime, dans ma petite chambre de Charleville Mézières : keatssong
Voilà, j’espère avoir bientôt des nouvelles du producteur du groupe à l’époque (John Custer) afin d’avoir une vision de l’autre côté, à propos du choix de cette image pour la pochette de l’album.
A la prochaine !!