La garce à la balançoire (+18)

Le "tiroir à bricoles" se trouvait dans un meuble de la cuisine de ma grand mère. Il renfermait un trésor hétéroclite comme seuls savent en constituer les enfants... /// Tout le contenu de ce blog est soumis à © et toute utilisation entière ou partielle d'éléments de contenu est soumise à un accord préalable.

La garce à la balançoire (+18)

Ce rêve malencontreux qui me fit mal un soir,
où je la voyais nue fouettant les mimosas
de son pied si menu pendant d’une balançoire,
ses cheveux en reflux et ses seins au vent froid.

Elle volait bel et bien jusqu’à ce ciel d’orage.
Passant du jaune au pourpre dans un élan gracieux.
Son bassin ondulant sur cette selle sauvage
me l’offrait un instant, puis la rendait au cieux.

Elle riait aux éclats, s’amusant de me voir
pantelant, elle pimpante, de son pied elle frôlait
mon torse endolori par un trop plein d’espoir
que mon cœur affolé par sa beauté tonnait.

Au loin le crépuscule grondait sous les nuages.
Le ciel marbré d’éclairs contre-jourait son corps.
Oh elle riait, la garce ! Oh comme elle avait tort !
De s’amuser à voir en moi monter la rage.

Le vent du soir soufflait en effluves électriques
le parfum de son sexe mêlé au mimosa.
Sous ses parfums exquis, je devins hystérique
et, dans un élan fou vers elle, lançai les bras.

Mes deux mains, sur son torse, la firent choir dans les fleurs.
Dans ses yeux, il y avait mon visage et la peur.
Sur son cou je posais mes mains incontrôlables
Ivre de mimosa et d’une peine insondable.

Le puissant Zeus hurlait couvrant les tristes sons
Que gémissait la belle, payant sa cruauté.
A cheval sur son ventre ses ongles en mes poignets
les yeux cherchant de l’air, le visage vermillon

Mes mains sous la colère resserrèrent leur étreinte
Son cou craqua soudain et dans un soubresaut
Je sentis sous mes doigts se tarrir le ruisseau
Son corps splendide et mou sous moi changea de teinte

la pluie mêlée aux larmes je me levais d’un bond
réalisant mon geste je fus pris de nausée
vomissant en marchant vers la ville effrénée
abandonnant aux vers le fruit de ma passion.

« Passion provient du latin patior, pati, et homonyme grec pathos, signifiant la souffrance, le supplice, état de celui qui subit. »

Ce texte est paru dans le magazine Hanhan.fr N°17
Il est le fruit d’une collaboration avec mon ami poète Richard Boulanger qui, lors d’une panne inquiétante d’inspiration m’envoya une liste de mots que je devais introduire dans un poème:
balançoire, mimosa, orage, pimpante, ancien, marbré, vaciller, chérir, dévouloir
Je n’ai pas utilisé l’ensemble des mots proposés, mais cela m’a redonné de l’inspiration !
Merci à Caroline Ruth qui une fois de plus, m’a prêté son talent pour illustrer ce poème. Son dessin n’a pas été gardé pour le magazine mais je trouve qu’il est parfait !

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